Obscurité totale. Crispation inutile. J’ouvre un œil. Difficilement. Sous la paupière, la sécheresse m’arrache un cri, mais ma mâchoire ne bouge pas. La lumière blanche m’aveugle. Trop de néons. L’autre œil suit, pareil que pour le premier. Je vois les perfusions au-dessus de moi. Un truc flou sort de ma bouche. Je me concentre : d’accord, je suis intubé.
Je ne comprends pas. Le choc est total, même si je ne sens rien. Si. Ma nuque. Un aplatissement, un carnage. Il faut que je me lève pour… Bon. Je me ravise sagement : je bougerai la tête plus tard. Demain, peut-être.
Aucun souvenir. Aucune idée de comment je suis arrivé là. Il faut que je me rappelle. Je me concentre. Des lumières. Bleues.
Des véhicules. Pompiers, gendarmes, ambulanciers. Il fait nuit. Je suis hissé sur un autre brancard. Un des brancardiers vire au vert, il panique. Ah non, il vomit, en fait. Il se retourne au dernier moment, est soutenu par un pompier. Bleusaille. Je reste rêveur, c’est pas un métier facile. Ça doit bien rentrer, à un moment ou un autre. On s’habitue à tout, finalement. Je ne réfléchis pas au pourquoi de la réaction du jeune. Je m’en fous, je suis bien. Le brancard est glissé dans l’ambulance, je flotte. Les lumières se tamisent. Ne restent plus que les néons rouges.
La suite…